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"Traboulons" dans l'Histoire de Lyon!

Dernière mise à jour : 27 janv. 2022

Article du 24/01/2022

Oyez, oyez voyageuses voyageurs, curieux et curieuses

Que tu sois un voyageur errant sur le net, un touriste préparant son séjour ou un lyonnais curieux de sa ville, je te propose de te faire découvrir un élément indispensable incontournable de la culture lyonnaise.

Suivez le guide !


Que serait Lyon sans ses quenelles, son saucisson brioché, sa fête des Lumières et …ses traboules !


On compte à peu près 500 traboules à Lyon :

Alors d’après vous combien il y a-t-il de traboules dans Lyon ? 50 ? 200 ? 500 ?

500 !!! 200 dans le Vieux Lyon, 170 à la Croix-Rousse (10 sur le plateau et 160 dans les pentes) et 130 dans la Presqu’île. Eh oui ce n’est pas rien !

Je vous vois venir avec cette question que vous brûle les lèvres : peut-on toutes les visiter ? Malheureusement non. Dans le lot des « 500 » certaines sont ouvertes, privées ou condamnées. Les traboules « privées » sont uniquement utilisées par les habitants de l’immeuble, et les traboules dites « ouvertes » sont conventionnées.


Je m’explique. En Juillet 1990 (eh oui ça commence à dater…), une convention «cour/traboule » dite de droit de passage a été adoptée et signée entre les propriétaires,

la ville et la communauté urbaine de Lyon pour l’ouverture au public et l’entretien des traboules conventionnées. En 2009, on recensait 43 conventions signées : 22 dans le Vieux Lyon, 20 à la Croix-Rousse et 1 dans la Presqu’île.

Ces passages privés ou ouverts au public, permettent de passer d’une rue à l’autre en passant sous un immeuble, traversant au passage des cours intérieures. D’ailleurs, en vous promenant dans le quartier Saint-Jean votre curiosité vous a peut-être fait emprunter la Longue Traboule ? Cette traboule située au 54 rue Saint-Jean est appelée « Loongguue » traboule car elle traverse 5 cours et 4 immeubles.



Crédits Photo : Thomas Crémoux



Alors "traboule" ça veut dire quoi?


Pour les amoureux de l’étymologie”, Le mot "traboule" vient du latin "trans-" (à travers)

et "-ambulare" (avancer, marcher) car c'est un passage qui "traverse" un immeuble en passant en dessous de ce dernier.



Les traboules, d’où viennent-elles ?


Remontons l’Histoire jusqu’au temps où Lyon s’appelait Lugdunum. Les premières traboules développent quand Lugdunum se déplace de la large colline de Fourvière vers les exigus bords de la Saône pour former le Vieux Lyon. Comment continuer à avoir accès au fleuve alors qu’on doit construire des maisons sur le port ? C'est simple : en aménageant, sous ou entre les bâtiments, d’étroits passages permettant de rejoindre la berge. La solution fonctionne et séduit les Lyonnais d’alors, qui la répètent un peu partout dans la ville, dans le Vieux Lyon puis sur la Presqu’île et la Colline de la Croix-Rousse. Et quand est-il de Fourvière ? Il n’existe pas de « traboules » à proprement parler sur Fourvière. Toutefois, il est possible, en partant de la Basilique de Fourvière, d’emprunter la promenade des Jardins du Rosaire (qui n’est pas une « traboule » à proprement parler) pour rejoindre la traboule de la montée Saint-Barthélemy, puis la montée des Chazeaux… et vous voilà dans le quartier Saint-Jean, où vous pouvez suivre un bout de rue du Bœuf puis la rue de la Bombarde pour tomber sur la rue des Antonins, laquelle vous amène place Saint-Jean. Il existe une autre raison que celle de « l’accès aux berges » pour expliquer l’origine des traboules.




Les premières traboules remonteraient au IV e siècle sur les bords de Saône et les pentes de Fourvière. Le terrain étant rare on économise en construisant des bâtiments hauts et serrés, avec peu de rues. Des passages dans les immeubles permettent de relier les rues entres elles et aux rives de la Saône. Le même principe de construction sera adopté sur la colline de la Croix-Rousse et dans la Presqu’île. Utiles aux simples piétons, les traboules le furent aussi aux portefaix qui les empruntaient pour le transport des marchandises et autres balles de soie. Lors des périodes troublées, les traboules favorisèrent les activités des rebelles aux pouvoirs en place. Les sociétés secrètes des canuts, puis les résistants de l’ombre utilisèrent ces dédales pour leurs déplacements clandestins et échapper aux poursuites policières.



Crédits photo : Thomas Crémoux


Utilisation du mot Traboule


En ce qui concerne l’utilisation du mot dans les ouvrages, nous lisons ceci dans Traboules de Lyon : histoire secrète d’une ville de René Dejean : « la plus ancienne évocation des traboules à des fins touristiques daterait d’Antoine Rivoire, président fondateur du Syndicat d’initiative en 1905. On lui doit d’avoir célébré cette curiosité dans un guide sur Lyon » Pour les œuvres littéraires, il est bien difficile de trouver une date. Sachez qu’en 1932, Henri Béraud évoque les traboules dans son roman Les lurons de Sabolas. Il en est de même en 1933 dans Ciel de suie En 1958, Ferdinand Breysse fait paraître son roman La traboule.



Traboule et Rabelais…


Dans Gargantua, Rabelais décrit les habitudes de vie des lyonnais. Voyons ça d’un peu plus près. Si vous avez Gargantua dans votre bibliothèque, n’hésitez pas à l’ouvrir au chapitre 12 intitulé "Des chevaux factices de Gargantua". Voici ce que nous y lisons.

Un jour le seigneur de Painensac visita son père en gros train et apparat, auquel jour l’étaient semblablement venus voir le duc de Franc-Repas et le comte de Mouille-Vent. Par ma foi, le logis fut un peu étroit pour tant de gens et singulièrement les étables [écuries] ; donc le maitre d’hôtel et fourrier dudit seigneur de Painensac, pour savoir si ailleurs en la maison étaient étables vaques [disponibles], s’adressèrent à Gargantua, jeun garçonnet, lui demandant secrètement où étaient les étables des grands chevaux [destriers de guerre], pensant que volontiers les enfants décèlent [révèlent] tout. Lors il les mena par les grands degrés [escalier d’honneur] du château, passant, par la seconde salle, en une grande galerie par laquelle entrèrent en une grosse tour et, eux montant d’autres degrés, dit le fourrier au maître d’hôtel : « cet enfant nous abuse, car les étables ne sont jamais au haut de la maison » - C’est, dit le maître d’hôtel, mal entendu à vous, car je sais des lieux, à Lyon, à la Baumette, à Chinon et ailleurs, où les étables sont au plus haut du logis ; ainsi peut-être que derrière y a issue au montoir [au haut de l’escalier]


Nous apprenons ainsi que « du côté Royaume de la ville, il assistait aux impressionnants tournois de la rue Juiverie où logeaient les bourgeois les plus huppés de la ville. Gravissant la colline, il admirait l’audacieux équilibre des maisons construites contre son flanc « où les étables sont au plus haut du logis » (Gargantua, Chapitre 12).

En bref, Rabelais ne connaissant pas les traboules, miraboules à Lyon, s'étonnait de la coutume étrange des lyonnais de faire rentrer leurs chevaux dans leurs maisons. Il ne soupçonnait pas l'existence des traboules et des éventuelles écuries à l'intérieur des cours particulières.



Crédits images :

Illustration de Gustave Doré pour le "Gargantua" de Rabelais © Getty / Photo 12

https://www.lepoint.fr/vin/le-prof-en-liberte-29-faut-il-avoir-peur-de-gargantua-24-02-2021-2415306_581.php


Petites spécificités des Traboules


Elles relient très souvent au niveau du sol et à travers un immeuble deux rues parallèles Quelquefois, elles partent d'une rue, montent à un entresol pour redescendre au niveau de la rue où elles aboutissent Plus rarement, elles descendent plusieurs étages



Crédits Photos : Thomas Crémoux


Le saviez-vous ?


Des escaliers troués…

La traboule des Trois-Maries située entre le 27 rue saint jean et le 6 rue des Trois-Maries. L'un des escaliers, présent dans la traboule, montre des trous nombreux et très réguliers. Ces trous permettent de faire entrer l’air et la lumière dans l’escalier inférieur menant aux caves de l’immeuble.


La traboule située au 29-30 quai saint Antoine, aboutissant au 58 rue Mercière

La porte au premier palier intermédiaire du 30 quai St Antoine surmontée de la mention « Guignol » signale qu’à cet endroit se trouvait l’un des premiers et des plus importants théâtres fixes de marionnettes lyonnaises du XIXe siècle. Pendant 78 ans, entre 1888 et 1966, ce sera l’adresse de Guignol.


Crédits images :

Ce théâtre initialement appelé Guignol du Gymnase puis Guignol Mourguet était surnommé traditionnellement « Guignol du Quai ».


« Guignol vécu entre ses murs ("Guignol du quai") la période la plus brillante de son histoire. Parmi ses spectateurs d’un soir : Des ministres comme Justin Godart, un maire de Lyon comme Edouard Herriot, une star comme Joséphine Baker… »


Ce théâtre installé 30, quai st Antoine, dans la salle que l’architecte Jean-Charles Raphaël Flacheron a aménagé en 1842, dans la nef d’une ancienne chapelle du couvent des Antonins. C’est d’abord une salle occupée par une société de concert, le Cercle musical où se produisent Franz Liszt et Clara Schumann (1819-1896), devenu en 1872 un petit théâtre à l’italienne de 450 à 500 places, le théâtre du Gymnase, où l’on joue le drame, la comédie le vaudeville. Il devient ensuite le théâtre de Guignol du Gymnase, et Pierre rousset s’y installe en 1888. Joseph Mercier, propriétaire en 1907 le vend à Pierre Neichthauser et à son épouse Eléonore Josserand (arrière petite-fille de Laurent Mourguet). Le castelet fonctionne sous le nom officiel de Théâtre Guignol Mourguet, de 1907 à 1966 sous la direction de Pierre puis Ernest Neichthauser, connaissant vite une renommée nationale et internationale : les lyonnais l’appelle familièrement le « Guignol du Quai ». En 1966, le maire Louis Pradel voulant rénover le quartier Mercière – Saint-Antoine, le théâtre doit partir. En définitive, l’opération d’urbanisme prévue n’a pas lieu, la salle de théâtre est modifiée et modernisée, et la Compagnie des Ateliers s’installe dans les locaux au cours des années 70 https://catalogue.bm-lyon.fr/ark:/75584/pf0001799323 p.1293-1294


Article sur « les traboules en danger »




Cet article vous a donné envie de visiter les traboules du Vieux Lyon?

Alors venez "trabouler" avec votre guide préférée ....





Sources

de Patrice Béghain (Auteur), Bruno Benoît (Auteur), Gérard Corneloup (Auteur), Bruno Thévenon (Auteur)

Lyon, les années Rabelais (1532-1548)

Jeanne-Marie Dureau, ‎Céline Cadieu-Dumont · 1994 · ‎Extraits

Guignol. Cœur de gone, tête de bois, par Anniz Crouzet, Lyon, Le Progrès, 2009, Les Patrimoines

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