Articles – BLOG 11/12/21
On connait tous, lyonnais que nous sommes, cette belle cathédrale située dans le quartier du Vieux-Lyon, place Saint-Jean. Comment ne pas la voir ? Lorsque vous sortez des entrailles de la terre via le métro, vous passez obligatoirement devant cette belle dame pour vous rendre dans le quartier Saint-Jean pour visiter les traboules, les cours intérieures, les ateliers d’artisans verriers ou céramistes, sans oublier ces petites boutiques des amoureux de la soie.
Tout le monde la connait. La France même l’a vue au moins une fois …habillée de lumières et de couleurs certes, mais vue qd même ! Et ! Ils la connaissent grâce à la Fête des Lumières pardi !
D’autres la connaissent sous son petit nom de « Primatiale des Gaules ». Ce n’est pas rien, quand même !
C’est une distinction accordée par le pape Grégoire VII en 1079 en mémoire des martyrs et de la première église chrétienne de Gaule, fondée à Lyon par saint Pothin vers 160 après JC.
Pour ceux ravie de suivre l’actualité people du XVIIe, c’est dans son chœur qu’en 1600, une messe raisonna en l’honneur du mariage d’Henri IV dit le Vert-Galent (en référence à sa virilité insatiable) et Marie de Médicis (beaucoup plus sympa que Catherine !)
Légende - de haut en bas, de gauche à droite
1 -Détail d’un portrait par Jacopo Empoli, représentant le mariage par procuration de Marie de Médicis
2- Henri IV reçoit le portrait de la reine et se laisse désarmer par l'amour 394 × 295 cm, huile sur toile, Pierre-Paul Rubens
3-Mariage d'Henri IV et de Marie de Médicis : estampe / Jacobus de Fornazerii lineauit E. et excuditFornazeris, Jacques (1585?-1619?). Graveur
Bon entre nous, les lyonnais l’ont eu un peu mauvaise. N’oublions pas que le quartier Saint-Jean était composé certes de religieux avec la cathédrale et son archevêque, mais son voisin le quartier Saint-Georges était composé d’artisans de la soie (fraichement arrivée 63 ans plus tôt en 1537), de tisseurs, de potiers, de verriers, d’ouvriers…donc oui ces gens n’avaient point d’éducation (à entendre par là « n’avaient pas fait d’étude ») mais ils n’avaient point la mémoire courte morbleu ! Pensez-vous ! Comment oublier ce François de Beaumont, baron des Adrets, qui 40 ans auparavant, en 1562, avait pris Lyon par force ! Pendant 1 an, la ville est restée entre les mains des protestants et de leur leader du moment le Baron des Adrets, fervent défenseur de sa foi. Ils n’hésitèrent pas à alléger les églises, cathédrale, abbaye de leur icônes, statues… de tout ce qui pouvait renvoyer à de l’idolâtrie. Eh oui nous sommes en plein guerre des iconoclastes ! D’ailleurs, on peut voir encore aujourd’hui le passage du baron et de ses actions enflammées en regardant sur la façade de la cathédrale. Vous voyez toutes ces statues sans tête ?
Légende
1 - Photo de Thomas Crémoux, statues étêtées
2- Détail des voussures du tympan de la Cathédrale Saint-Jean
3-Sac de Lyon par les iconoclastes en 1562, école d'Antoine Caron, XVIe siècle.
Enfin bref, je digresse ! Donc oui les lyonnais ont rit jaune lorsqu’en Henri IV épouse Marie de Médicis. Mais bon, « A cheval donné, on ne regarde pas les dents ! » ou pour les latinistes « non oportet equi dentes inspicere donati". Et oui un cadeau pareil ça ne se refuse pas ! Je m’explique ! Après 3 décennies de guerres de religions les caisses de l’état sont vides. Donc, on mise sur un mariage d’argent entre notre ex huguenot de roi solennellement catholicisé et la fille du grand-duc de Toscan richissime.
Donc, vous l’aurez compris notre cathédrale Saint-Jean a été témoin d’évènements marquants qu’elle a traversé « bon an mal an » tête haute. Belle performance pour sa part puisque le début de sa construction débute à la fin du XIIe siècle pour se terminer 300 ans plus tard ! Ce chantier nous laisse de belles surprises architecturales puisqu’il sculptera ces pierres à la mode « romane » ou « gothique flamboyant ». Les fans de belles pierres connaissent surement la chapelle des Bourbons et ses décorations sculptées avec délicatesse et précision. Tandis que d’autres, admirent le chœur et son architecture romane.
Dans l’article prochain nous nous intéresserons à la hiérarchie interne de la Cathédrale avec l’archevêque et son collège de chanoines-comtes.
Si cet article a éveillé votre appétit culturel ou "patrimonial", laissez -moi vous servir de guide et vous raconter la suite dans le creux de votre oreille … Retrouvez moi dans le parcours « Le Vieux Lyon Traboule » !
Avec les audioguides de Raconte moi Lyon, voyagez dans le temps !
Ça me donne trop envie d'organiser une matinée avec des amis qui veulent en connaitre plus sur lyon. À très bientôt