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Des blasons à foisons !

Article du 30/01/2022


Bonjour à tous amis lyonnais, voyageurs, curieux, aujourd’hui nous allons parler

de blasons !

Armoiries, blasons, écu, kesako ?

Suivez votre guide préférée ! Nous allons expliquer tout ça, histoire de mieux comprendre une façade, une église, une maison ou une ville.



Les Armoiries


Commençons par « les armoiries ».

Reprenons les propos forts intéressants de Remi Mathieu qu’il donne dans son livre, Le système héraldique français : « Ce sont des emblèmes en couleur, propres à une famille, à une communauté ou, plus rarement, à un individu, et soumis dans leur disposition et dans leur forme à des règles spéciales, qui sont celles du blason. Certains caractères distinguent nettement les armoiries du Moyen Âge des emblèmes préexistants. Servant le plus souvent de signes distinctifs à des familles, à des groupes de personnes unies par les liens du sang, elles sont en général héréditaires. Les couleurs dont elles peuvent être peintes n'existent qu'en nombre limité. Enfin elles sont presque toujours représentées sur un écu. »


Donc, on pourrait résumer en disant que les armoiries sont des emblèmes en couleur qui représentent une famille, une peu comme un signe distinctif qui permet de reconnaitre une famille ou une communauté tout de suite et de loin.

A la base, les armoiries sont un signe de reconnaissance dont le rôle initial était de pouvoir reconnaître chacune des unités d’une armée sur un champ de bataille et éviter ainsi aux régiments de s’entretuer (arme/armoiries). Il sert plus généralement au porteur à affirmer son identité ou son pouvoir.


Contrairement aux idées reçues, il n’est pas nécessaire, en France, d’être de naissance noble pour pouvoir créer et porter des armoiries : les bourgeois et même certains paysans créent leurs armoiries dès le XIVe siècle. Souverains, familles, ecclésiastiques, corporations ou domaines (communes, régions, villes, etc.) peuvent arborer des armoiries. La seule grande règle est de s’assurer de l’unicité de ses armoiries et de ne pas usurper ceux des autres. En France, le port des armoiries a théoriquement été aboli à la Révolution, mais la science de l’héraldique continue à être développée et enseignée ; elle compte de nombreux adeptes et de grands représentants, parmi lesquels le plus célèbre en France est sans nul doute Michel Pastoureau qui a contribué à faire connaitre cette discipline au grand public. Aujourd’hui, la Commission Nationale d’Héraldique peut même vous conseiller dans la création d’une armoirie.



Le blason


Le blason c’est 2 choses.

Tous d’abord, c’est une description orale ou écrite d’armoiries et par extension le mot « blason » désigne quant à lui l'étude et la connaissance de l'art et de la science héraldique c’est l’ensemble des règles qui régissent les armoiries.



Du coup quelle est la différence entre armoiries et blason ?

Les armoiries décrivent visuellement une famille ou aune communauté alors que le blason décrit oralement ou à l’écrit une famille ou une communauté.

Par exemple : Voici les armoiries de La Lorraine. Blasonner (c’est-à-dire décrire) les armoiries de La Lorraine se fait de cette manière : d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent.




Le saviez-vous ?

On a tendance à appeler les armoiries « blason », mais c’est un abus de langage !



Et l’écu, c’est quoi ?


« A quelle famille appartient cet écu ? »

Vous connaissez certainement tous cette réplique extraite du film Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré.


Mais, qu'est-ce donc un écu?

L'écu est une surface délimitée, sur laquelle on place les armoiries. Il peut avoir des formes variables, la plus courante (mais non la seule) étant un triangle isocèle, pointe en bas, et dont les deux côtés égaux sont convexes. (Cf. Les armoiries de La Lorraine)


Donc, si nous résumons :

  • Les armoiries c’est un dessin qui représente une famille, une communauté…

  • Le blason c’est la description des armoiries à l’orale ou à l’écrit

  • L’écu c'est la forme de base sur laquelle on va mettre les armoiries


Maintenant baladons nous dans les rues de Lyon, museau en l’air et dégotons quelques armoiries (pas blason hein, n’oublions pas que c’est un abus de langage !).


Prenons l’air du côté du Vieux Lyon où il y a moult richesses patrimoniales. Dans la famille des cathédrales, je choisis celle de Saint-Jean.



Les armoiries de la cathédrale Saint Jean


Lorsque vous êtes face à la cathédrale de part et d’autre de la porte principale (il faut lever le nez) vous apercevez 2 armoiries. A qui appartiennent-elles ?


Crédit Photos : Thomas Crémoux, Armoiries du Pape Pie VII (tiare papale), et Louis XI (couronne)


Au pape Pie VII et au roi Louis XI.

Nos amis historiens l’aurons peut-être remarqué mais il y a bien 3 siècles qui séparent ces personnages. Alors, pourquoi représenter leurs armoiries sur la façade de la cathédrale ?

Il faut savoir que la cathédrale Saint-Jean de Lyon a toujours été un lieu de culte important et en même temps elle a abrité les grandes cérémonies, les événements politiques et historiques comme les conciles au Moyen-âge, le mariage d’Henri IV en 1600, les visites des papes et des rois.

Ces derniers accordaient des faveurs spirituelles ou temporelles. Ils jouaient le rôle de garant, de protecteur ou de bienfaiteur. Il n’est donc pas étonnant que les armoiries de certains d’entre eux figurent sur la façade.


Le roi Louis XI a fait un grand séjour à Lyon en 1476 alors que la façade de la cathédrale n’était pas encore terminée. Ses armoiries, situées à droite de la porte principale, ont été mutilées par le Baron des Adrets et des protestants en 1562 puis en 1793 durant la Terreur.

Le pape Pie VII vint à Lyon en 1804 et 1805. Il fut accueilli avec une grande ferveur et restaura le culte de la Vierge.

Voici ce que nous pouvons lire dans Passages de Pie VII à Lyon : « dès le premier soir, Saint-Jean fut envahi par une foule énorme et enthousiaste. Le ton était donné, qui se soutint les deux jours suivants, et se retrouva tout naturellement au voyage de retour, en avril. Bénédictions publiques à Bellecour, pèlerinage à Fourvière, promenade à l’l’Ile-Barbe… ». Ses Armoiries se situent à gauche de la porte principale.

Traditionnellement, les armoiries papales sont constituées de plusieurs éléments comme la mitre, les clés et un écu.

Vous voyez bien sur la premières photo une tiare papale (une mitre depuis Benoît XVI) placée au sommet de l'écu. Les clefs de Saint Pierre1, posées en sautoir, sous la tiare, au-dessus ou derrière l'écu, sont liées ensemble par un cordon de gueules (Le gueule est un émail héraldique de couleur rouge). Une des clés est d'or et l'autre d'argent. Les papes peuvent y ajouter des éléments personnels sur l'écu, soit en utilisant celles de leur famille, soit en en choisissant au moment de leur élection.


Crédit photos : de gauche à droite:

Armoiries du Pape Pie VII au fronton de San Giorgio – Venise, Charles et Nérina Profizi - 83000 Toulon



Le saviez-vous ?

Petite précision, le sculpteur s’est trompé. Les armoiries du pape Pie VII comportent 3 montagnes et non 6.



Les armoiries des Chanoines-Comtes de Lyon


Les armoiries du chapitre de la Cathédral Saint-Jean ont évolué.

En effet, au début le chapitre portait 2 armoiries distinctes : l’un formé d’un griffon et l’autre d’un lion.

En effet, les membres du chapitre canonial de Saint-Jean, sont à la fois chanoine et comtes, c’est-à-dire qu’ils ont à la fois un pouvoir spirituel et temporel. (Je rappelle que le pouvoir temporel est propre aux souverains et aux pouvoirs civils).

Donc, selon que le chapitre intervenait au nom de l’Eglise (= religieux donc Griffon) ou en temps que Comtes (= politique donc Lion), leurs armoiries s’adaptaient.

C’est un peu comme si vous changiez de rôle selon l’endroit où vous allez. Par exemple, vous être avocat(e), on vous appellera « Maître » au travail, mais pour votre médecin ou pour vos voisins ou le livreur vous serez « Mr/Mme Intel(le) »


Petite parenthèse pour les puristes.

Selon l’abbé A. Sachet « au XIIIe siècle les armes du chapitre, le griffon et le lion ont d’abord décoré ses bannières. Celles-ci ont survécu en même temps que le blason et jusqu’à la Révolution les processions de l’Eglise marchent sous la bannière du Lyon et les deux pennons du Griffon ». (Sources : A. Sachet, Pardon , I, p. 407, II, p. 48, 216").


Voici ce que nous disent les sources sur les armes du chapitre doubles et séparées.

"L’Eglise de Lyon exerçant une double juridiction, spirituelle et temporelle, ou pour mieux dire, ayant une double existence, depuis que Renaud de Forez (XIIème siècle) s’était associé le chapitre, portait deux blasons différents ; l’un formé d’un griffon, caractérisait exclusivement l’Eglise, corps ecclésiastique ; l’autre, un lion, désignait la qualité de comtes de Lyon, dont les chanoines exerçaient le pouvoir. On trouve fréquemment ces deux blasons séparés, sur divers monuments, peintures et même sur les sceaux dont le chapitre se servait, suivant qu’il agissait comme corps ecclésiastique ou corps politique. Le plus ancien exemple qu’on en a se trouve sur les vitraux du chœur de Saint-Jean, remontant au XIIIe siècle […] » (Source : Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais, André Steyert , tome 2 : Moyen-âge, page 384).

Vous pouvez d'ailleurs voir ces 2 armoiries sur l'image ci-dessous. Les avez-vous trouvées? Un petit indice : elles sont en bas... Maintenant, où est le lion et où est le griffon? Le Lion est "d'argent" et le griffon "d'or".

Baie 100 de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Lyon (Rhône) : couronnement de la Vierge. Bruno Cougnassout © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel, 1987 – ADAGP

La photo ci-dessus est un détail du vitrail du chœur représentant le couronnement de la vierge, datée du XIVe siècle, composition supportée par les armes de l’ancien comté de Lyon : de gueules au lion d’argent, couronné d’or et d’autre part par celles du chapitre de Saint-Jean : de gueules au griffon d’or.



Milieu XVème siècle – Le Lion et le griffon réuni


A la fin de la 2eme moitié du XVe donc entre 1450 et 1500, le griffon et le lion sont réunis sur le même écu ou sur le même seau.


« […] C’est seulement dans la seconde moitié du XVe siècle que ces deux blasons furent réunis en un seul et constituèrent les armes du chapitre, telles qu’on les décrit d’habitude. Ces deux animaux héraldiques figurent, en outre, sous forme de gargouilles, deux fois répétées sur la façade de la même église ». (Source : Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais, André Steyert , tome 2 : Moyen-âge, page 384).


Les armoiries des Chanoines-Comtes de Lyon - XVe siècle

"Le sceau des chanoines comtes de Lyon portait affrontés un griffon et un lion surmonté d’une couronne de comte, comme emblème de la double juridiction spirituelle et temporelle. Moitié aigle, moitié lion, le griffon représentait les deux sections de la ville séparées par la Saône, dont l’une appartenait à l’empire qui avait un aigle dans ses armes, tandis que l’autre faisait partie du royaume dont le lion était le symbole. Le chapitre de Saint-Just qui avait juridiction sur les quartiers de Saint-Just et de Saint-Irénée et sur quelques villages voisins, avait aussi pour armoires le lion des anciens comtes de Lyon, avec une bordure chargée de besants." Extrait du tome 1 de : Histoire de la ville de Lyon par J.-B. Monfalcon

Blasonner: de gueules à un griffon d'argent et un lion d'or, affrontés; l'écu entouré du collier des Comtes de Lyon, timbré d'une couronne de Comte, deux anges pour tenants.



Les armoiries de la ville de Lyon


Les armoiries de la ville ont évolué au cours des siècles, mais depuis quand existent-elles ?

L'origine du nom Lyon n'est apparemment pas l'animal, mais on retrouve sur d'anciens plans Lion (comme l'animal).

Donc, une question se pose : pourquoi le lion a-t-il été choisi comme emblème s’il n’est pas à l’origine de Lyon ?


Selon certaines sources, « Lyon » viendrait du nom latin de la ville Lugdunum, qui a été progressivement réduit en Lyduum, puis en « Lyon ». Cette homonymie avec l’animal a influencé le choix du lion comme symbole de la ville et la formation d'armes parlantes. D’après d’autres sources, peut-être que le choix du lion à Lyon comme emblème rendrait honneur à Marc-Antoine qui l'avait déjà adopté en symbole.

Même si l’origine su choix du « lion » pour la ville de Lyon est encore discutable, on peut retracer l’évolution des armoiries de la ville du Vème siècle jusqu’à nos jours.

C’est parti, remontons dans l’Histoire !



Au Ve siècle, Lyon prit d'abord pour champ de l'écu la couleur rouge, de gueules, bandé d'or et d'azur - comme celle du royaume de Bourgogne dont c'était l'une des villes principales.

Dans son Armorial général du Lyonnais, Forez et Beaujolais, Steyert indique que "la ville de Lyon n'a pas eu de blason, avant de s'être constituée en commune, ce qui arriva à la fin du XIIIe siècle.



Au XIIIe siècle, Lyon prit pour armes un lion, emblème parlant de la cité

On trouve les premières traces du lion lyonnais sur les étendards de la grande révolte de 1269, et c'est en 1320, année de l'émancipation de la commune lyonnaise, accordée par l'archevêque Pierre de Savoie, que cette dernière eut des armoiries régulières reconnues de tous.


Au XVIe siècle, les armes de la ville de Lyon associent l'emblème parlant de l'autorité sur la ville de Lyon, le lion et les fleurs-de-lys de France depuis le rattachement de la ville au royaume en 1312, par le traité de Vienne

Ces armoiries ne subirent aucune modification pendant 5 siècles.

A la Révolution, les armoiries disparurent mais, en 1809, Napoléon les restaura, par décret.




Napoléon remplaça les fleurs de lys par trois abeilles qui représente le nouvel Empire. C'est à cette époque qu'apparut la couronne murale aux sept créneaux d'or, symbole des villes fortifiées de l'antiquité.







Au début de la Restauration, Louis XVIII permit aux villes de reprendre leurs armes traditionnelles et à Lyon l'ajout d'une épée dans la patte droite du lion (signe de reconnaissance au roi, lors des événements de 1793).






La Monarchie de Juillet rejeta, en 1830, les fleurs de lys, sans reprendre les abeilles et les remplaça par des étoiles qui se voulaient neutres. La République de 1848 ne s'occupa pas du blason de la ville, qui conserva le lion et son épée. Napoléon III remit les abeilles à l'honneur.


Sous la IIIe République, quelques fantaisies furent opérées sur le blason : le lion prit des postures diverses : sa queue se rebroussa à l'extérieur ou à l'intérieur, on lui supprima aussi les attributs de sa virilité...des reproductions furent appelées "fausses armoiries".


Au début du XXe siècle, la municipalité décida de reprendre, comme il le fût demandé au sénateur Vaïsse, sous le Second empire, le blason originel du lion sans épée, accompagné de ses trois fleurs de lys, emblème de la cité pendant 6 siècles...

En 1989, après la victoire de Michel Noir aux municipales, on a vu fleurir un nouvel emblème : une représentation schématisée de l'Hôtel de ville, bariolé de jaune, rouge et bleu, auquel s'ajoutait le logo de l'office du tourisme, qui traversait le mot Lyon d'une flèche tricolore.

En 1995, avec Raymond Barre à la Mairie, retour au lion, enfin, qui a retrouvé un sexe, perdu sa couronne, et gardé les fleurs de lys, légèrement relooké et stylisé par le dessinateur Florent Garnier.


Le blason de Lyon aujourd'hui se compose d'un champ de "gueules" (rouge) et d'une partie supérieure "d'azur" (bleu roi) chargé de trois fleurs de lys d'or (jaune). Le champ de gueules porte un lion "d'argent" (blanc) qui est dit rampant c'est-à-dire prêt à bondir, lampassé car la langue est identifiée.



17 avenue maréchal Foch



L'image ci-dessus, illustre bien les armoiries qui sont juste au-dessus de la porte d’entrée. Vous y voyez un écu portant les armoiries des Hospices Civils de Lyon. Sur ces armoiries vous apercevez de gauche à droite, de haut en bas : les armes qui renvoient à la Ville de Lyon, au Grand Hôtel Dieu, (encore à Lyon) et à l’Hôpital de la Charité.



De gauche à droite : ,Armoiries de l'Hôtel Dieu (noir et blanc), armoiries des Hospices Civiles (le lion sur fond rouge renvoie à la ville de Lyon, la femme en blanc qui supporte un malade renvoie l'Hôtel-Dieu et la femme en jaune portant des enfants renvoie à l'Hôpital de la Charité)


Voici son blason : « Ecartelé : aux 4 de 1 de gueules, au lion d’argent cousu d’azur, chargé de trois fleurs de lys d’or (pour la ville de Lyon) ; au 2 d’azur, à la Vierge de pitié d’argent (pour le Grand Hôtel-Dieu de Lyon) ; au 3 de sable, à la Charité d’or (pour Hôpital de la Charité, délibération du 13 juillet 1814) selon l’Armorial des bibliophiles de Lyonnais, Forez, Beaujolais et Dombes. L'histoire du quartier des Brotteaux est en effet longtemps liée aux Hospices Civils de Lyon.

Comme on peut le lire sur les notes du Plan historique et patrimonial du sixième arrondissement : « Dans les années 1740, les Hospices civils se sont rendus assez largement propriétaires de ces terres toujours menacées et ont entrepris des travaux de protection contre les inondations. »


Plus tard, en 1754, une crue très importante pousse les Hospices à investir dans la construction d’une digue, de 1759 à 1768. En 1763, les Hospices possèdent toute la bande de terrains le long du Rhône, sur environ un kilomètre de large. Puis Jean-Antoine Morand transformera les Brotteaux en rattachant cette partie de la Guillotière à la ville de Lyon.

Dans le Dictionnaire historique de Lyon, au terme "Brotteaux", on peut lire : « Après la Révolution, les Brotteaux sont occupés par un bâti anarchique et populaire, lié en partie au fait que la propriété du sol appartient aux hospices de Lyon qui en conservent l’usufruit, ce qui permet de ne construire que des « taudis neufs » ». […]


« Ce n’est qu’après les terribles inondations du Rhône, en 1856, que le quartier s’urbanise, sous la férule du préfet Claude-Marius Vaïsse, de façon haussmannienne, en particulier près du Parc de le Tête d’Or, qui date de la même époque. » Citons une synthèse qui a été faite par la Bibliothèque municipale de Lyon, sur Laurent Bonnevay et l'habitat social :

« Félix Mangini, ingénieur-entrepreneur des lignes de chemin de fer, qui déplore en 1891 : « A Lyon, dans le quartier de Perrache, au-delà du chemin de fer ces habitations malsaines existent en assez grand nombre : elles sont également très nombreuses dans le quartier des Brotteaux. L’administration des Hospices possède en cet endroit une très grande étendue de terrains et ces terrains auront un jour une très grande valeur ». »(Les petits logements dans les grandes villes et plus particulièrement dans la ville de Lyon, Félix MANGINI, 1891).



2 place du Change, Vieux Lyon


Avez-vous déjà observé la façade de la Maison Thomassin située au 2 place du Change ?

Au 1er étage vous pouvez encore apercevoir les restes parcellaires d’une frise représentant les signes du zodiaque.



Au 2eme étage, vous pouvez apercevoir 3 écus qui portent les armoiries du Dauphin, du roi de France de l’époque, Charles VIII, et d’Anne de Bretagne. Notons qu’Anne de Bretagne a été mariée 2 fois, en premier à Charles VIII puis à Louis XII.


Question : Pourquoi avoir choisi de mettre ces armoiries au mur plutôt que d’autres ?


Nous savons notamment, que la ville de Lyon avait coutume d’organiser des tournois fort prisés sous le règne de Charles VIII et que ce dernier, pour cette raison, aimait à s’y arrêter lors de ses allées et venues entre la France et l’Italie. La famille Thomassin, qui a fourni quatre conseillers de ville et un prévôt des marchands entre 1395 et 1596, a sans doute voulu commémorer cet attachement particulier entre la couronne de France et la cité lyonnaise.


Le premier séjour du roi Charles VIII à Lyon eut lieu en 1494 (son plus grand séjour) et constitua un événement décisif tant pour l’histoire locale que pour celle du royaume. C’est à Lyon, en effet, que le fameux « voyage d’Italie » fut non seulement décidé, mais également préparé. Le roi et la reine furent logés à l’archevêché (au sein de l’actuel Vieux-Lyon) et sa présence fut l’occasion de nombreux divertissements et de fêtes continuelles ! Ce fut grâce à lui que furent rétablies officiellement les quatre foires à Lyon (lettres patentes du mois de juin 1494), qui avaient été transférées à Bourges par les régents en 1483. Pour aller à l’essentiel, l’alliance entre la royauté et le Consulat devint la base de la politique municipale et Lyon put souvent bénéficier de la bienveillance royale.

Les rapports entre Lyon et Louis XII furent à peu près similaires (son règne et la politique italienne firent de la ville un des grands centres de la vie européenne), mais leur influence plus tardive et donc moins conciliable avec la datation des blasons sur la « maison Thomassin », d’autant que l’existence de Claude Thomassin et ses fonctions coïncident plus avec le règne de Charles VIII.


J'espère que cette balade en terres héraldiques vous aura plu !

Je vous retrouve la semaine prochaine pour un autre article.

Belle semaine à toutes et à tous!


PS : au fait, j'ai caché une erreur dans mon titre. Vous avez trouvé?


Si vous avez des questions ou des idées d'articles, envoyez moi un mail à racontemoilyon@gmail.com








Pour aller plus loin


Michel Pastoureau, L’Art héraldique au Moyen Age, Seuil, Paris 2009. A voir en Alsace : Le musée du sceau alsacien, 17, rue du Château, 67290 La Petite Pierre musee.sceaualsacien.pagesperso-orange.fr

Michel Pastoureau, L’Art héraldique au Moyen Age, Seuil, Paris 2009.

A voir en Alsace : Le musée du sceau alsacien, 17, rue du Château, 67290 La Petite Pierre musee.sceaualsacien.pagesperso-orange.fr



Sources


Plan historique et patrimonial du 6ème arrondissement de Lyon [Carte] / Ville de Lyon (Rhône). Arrondissement (06e), Ville de Lyon, 2012

Le pardon annuel de la Saint-Jean et de la Saint-Pierre à Saint-Jean de Lyon, 1392-1790 de l’abbé A. Sachet à la BM de Lyon.

Histoire du blason et science des armoiries [Livre] / Gabriel Eysenbach Tours : Mame, 1848

Armorial général du Lyonnais, Forez et Beaujolais [Livre] / A. Steyert Lyon : R. Georges, 1998

Les petits logements dans les grandes villes et plus particulièrement dans la ville de Lyon, Félix MANGINI, 1891).

Les rois de France à Lyon, Champdor, Albert, A. Guillot, 1986

d’André Steyert : Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais dans le tome 2 : Moyen-âge, page 384,

Histoire de Lyon, Arthur Kleinclausz ; publié avec la collaboration de MM. Déniau, Doucet, Dubois, Dutacq, Germain de Montauzan, Pouzet, Kleinclausz, Arthur, Laffitte, 1978

Blasons et armoiries - Châteaux forts d'Alsace

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